Dans son numéro 175, Éléments avait consacré une disputatio entre deux de nos collaborateurs Xavier Eman, qui a défendu et cité élogieusement Sociologie du hardeur de Lounés Darbois (éditions Kontre Kulture) et David L’Épée qui l’a moins apprécié, dans le cadre de notre rubrique «Pour/Contre». Piqué par la critique, Lounés Darbois interpelle David L’Épée, qui lui répond.
Monsieur L’Épée,
L’accélération actuelle des événements rend caduc le temps des subtils débats complexes aux ouvertures insoupçonnées, propice aux intellectuels détachés, « objectifs » à cette posture facile mi-figue mi-raisin. Vous embrouillez le lecteur avec vos « pour mais plutôt contre, euh, oui mais… » quand la situation est limpide. La haine écrite noir sur blanc dans les grimoires de cette extrême-droite ashkénaze anti-Blanc parfaitement identifiée est le réacteur nucléaire d’où partent tous les caténaires à haute tension qui défigurent le paysage civilisé fruit de trente siècles (Venner disait trente millénaires) de travail patient des européens : racailles, propagande sur dead white male et toxic masculinity, mensonges sur les vrais coupables de la traite négrière, école saccagée, spoliation par les taxes, persécutions judiciaires, bombardement médiatique... et pornographie, eh oui ! Nous en sommes à l’ère messianique de l’extermination des Blancs et vous pinaillez comme si l’on était encore dans les années 60. Dénoncer cette industrie de barbares ferait de moi l’homme du ressentiment ? Très bien, mais la taire fait de l’initié muet un cornuto e contento, or mieux vaut être un vénère qu’un cuck voyez-vous, mais c’est peut-être une question de point de vue.
Entre deux messages de menaces je reçois déjà une floppée de fines déductions érudites comme les vôtres sur le mode « eh mais toi, en fait, t’es un frustré, hein, c’est ça en fait voilà ». Qu’y faire ? Exhiber mon palmarès ? Récemment un quidam me soupçonnait d’être « certainement un cuck vegan », c’est dire. Les hommes les plus critiques du féminisme et les plus lucides sur « La Femme » sont toujours ceux qui en ont connu un grand nombre. Au lieu de juger le texte et sa véracité vous jugez l’auteur et ses possibles arrières-pensées.
« Un fourre-tout complotiste »? Ma doué ! Ah non c’est un peu court jeune homme, on pouvait dire encore un « fatras » n’est-ce pas, un « charabia », un « recueil de borborygmes », et puis conclure par le très prisé « gloubi-boulga » des magazines féminins... Voyez-vous ces 181 pages m’ont demandé 27 mois de travail bien comptés. Votre critique vous a pris quoi ? Une demi-journée. Chaque phrase y est dûment pesée, y compris toutes celles sur le nivellement par le bas que suppose le métissage, la réduction du français au créole, et la grande impatience talmudique d’une extermination des Blancs non par leurs sicaires racailles (cela prendrait trop de temps) mais par leurs sicaires migrants métisseurs, cette armée de réserve, leurs « troupes de choc » comme disait Céline, cet inépuisable réservoir où puiser le pétrole capable de faire de chaque albatros un oiseau mazouté.
À l’avenir attaquez plutôt les authentiques complotistes, et comploteurs
Mais tout ceci Monsieur, vous le saviez très bien car vous faites en réalité semblant de ne pas comprendre (tactique de l’Art d’avoir toujours raison). Vous ne faites nulle mention de l’annuaire du cahier central. Je vous en fourrai moi tant que vous voudrez, du fourre-tout complotiste, il me suffira de vous abonner au Figaro par exemple, dont la désinformation tient depuis sept ans de la propagande de guerre. Mais en somme quelle est votre contribution Monsieur ? Où étiez-vous samedi 8 décembre par exemple (j’écris ceci le 10) ? Je ne vais pas la ramener, seuls les vrais savent, mais à l’avenir attaquez plutôt les authentiques complotistes, et comploteurs.
Laissez-moi conclure par une remarque incidente sur l’actualité. Les racialistes blancs comme vous, et dont moi bâtard ne suis pas, ont le droit de se faire entendre et même le devoir, à mon avis. Ils sont chez eux par le legs de leurs ancêtres et l’abus d’hospitalité qu’ils subissent par des squatteurs qui les persécutent me choque moi aussi depuis des années. Mais s’ils croient s’en sortir en flattant précisément les organisateurs de leur oppression ils se trompent lourdement. Cirer les souliers de Monsieur « Eric » Zemmour tient de la servilité et de la collaboration avec l’occupant. (cf. Céline sur la « pesanteur au charnier », citation dont on oublie toujours le paragraphe antérieur). Soit l’on est ignorant du système de valeurs de ces gens-là, qui dit pis que pendre des Blancs chrétiens ou païens (« Edom »), soit l’on fait semblant de l’ignorer, et alors on est « mi-crétin mi-canaille » comme disait Balzac.
Cordialement,
Lounès Darbois
Monsieur Darbois,
Quand on fait paraître un livre, on s’expose au jugement du public et on évite de botter en touche et de se réfugier dans la bouderie à la première critique un peu sévère. Me répondre que ma critique de votre livre Sociologie du hardeur est nulle et non avenue car trop subtile à votre goût (ce que vous appelez « embrouiller le lecteur » en m’accusant de « pinailler ») ne nous révèle rien d’autre que votre incapacité à débattre et à accepter la contradiction. D’autant qu’en matière d’embrouille vous vous posez un peu là : il m’a fallu relire deux fois votre lettre pour comprendre votre sabir franglais – cuck, dead white male, etc. – dont je n’ai pas bien saisi s’il était pompé sur les menus des sites porno ou sur les forums de l’Alt-Right. En résumé vous avez le droit de raconter n’importe quoi, d’échafauder les théories les plus tordues pour faire avaler vos lubies au lecteur mais celui-ci n’a pas le droit de vous contredire car le temps du débat d’idées est passé… Prétention classique de tant d’auteurs qui, une fois la dernière ligne de leur livre écrite, proclament à ceux qui les écoutent que puisque l’essentiel a été dit par eux, le temps des livres est désormais révolu.
Vous me reprochez d’avoir fait de votre pamphlet une chronique « mi-figue mi-raisin ». Il est vrai que je me suis donné la peine de ne pas faire un réquisitoire unilatéral et d’essayer de relever ce qui, malgré tout, me paraissait intéressant dans votre livre. Vous noterez d’ailleurs que je n’ai pas dit un seul mot dans ma chronique des élucubrations antisémites qui fleurent presque à chaque page de votre ouvrage. Pourquoi ce silence ? Sans doute parce que je n’aime pas tirer sur les ambulances. Peut-être ai-je eu tort. Peut-être aurais-je dû suivre mon premier mouvement et écrire qu’il n’y avait vraiment pas grand-chose à sauver dans ce long exutoire plein d’aigreur – qui nous aura au moins appris que, de même qu’il existe un art thérapeutique, il existe une littérature thérapeutique : du livre considéré comme défouloir à l’usage de son auteur.
Bravo, vous faites encore mieux que Yann Moix !
A vrai dire votre sexualité ne nous intéresse pas beaucoup et personne ne vous a forcé, le couteau sous la gorge, à tartiner votre ressentiment à la face du monde. Entre le porno-geek (moi aussi je peux faire des anglicismes tendance) dont votre livre renvoie l’image et le Casanova compulsif que vous prétendez être (il faut croire que ça dépend des jours et de l’humeur), il existe sans doute un juste milieu qui permet de connaître les femmes tout en les appréciant – je dirais même plus : de les apprécier grâce à l’expérience qu’on en a. Mais à quoi bon puisque, comme le dit votre personnage Cyril, « Il est presque impossible de rencontrer une femme digne de ce nom passé 25 ans » (p.33). Bravo, vous faites encore mieux que Yann Moix ! Cet aveu que vous nous faites dans votre lettre sur la « lucidité » qu’il conviendrait d’avoir à l’égard de « la Femme » confirme en tout cas mon impression de lecteur : il m’est difficile de prendre au sérieux un auteur affirmant vouloir défendre les femmes contre la prédation pornographique lorsqu’il s’avère que ce même auteur se tient sur des positions ouvertement misogynes et associe « le consentement féminin » à une « honte éternelle » (p.56). Vous en voulez encore ? « Que l’on se mette bien ça dans le crâne, les filles qui manipulent et qui déshonorent le gentil garçon, les fomenteuses de suicide, celles-là sont ennemies de l’Occident jusqu’à ce qu’elles comprennent, par tarte de caillera dans la gueule s’il le faut, leur faute ! » (p.65) Cyril a ainsi posé la grave question qui le turlupine : « Les femmes s’exhibent impunément [c’est moi qui souligne] et ce serait à nous de détourner les yeux ? » (p.30) Il a dit en toutes lettres qu’elle était la motivation de son combat : « Je dois me venger. » (p.14). Faute, honte, impunité, vengeance… On a compris l’idée, merci.
Je ne m’arrêterai pas sur les allusions aux « cireurs de souliers d’Eric Zemmour » qui là encore ne nous apprennent rien, si ce n’est que vous ne m’avez vraisemblablement jamais lu sur la question et que vous préférez ânonner le dernier mantra à la mode de votre éditeur pour éviter d’avoir à vous faire votre propre opinion. Quant à l’étiquette de « racialistes blancs », elle est évidemment à hurler de rire venant de quelqu’un qui se vautre à longueur de pages dans les insultes racistes les plus caricaturales et qui nous livre une interprétation du monde complètement articulée autour d’une grille de lecture raciale et communautaire !
Ainsi donc je serais racialiste et vous, vous ne le seriez pas ? Relisons ensemble, si vous le voulez bien, la description que vous faites du hardeur afro-américain Sean Scipion (« nom connu de la rédaction » comme on dit lorsqu’on ne veut pas donner la véritable identité de quelqu’un) :
« Dans la culture fossilisée survécue clandestinement sous ses écailles à travers les générations bat le tam-tam des ancêtres ! Le porno c’est son arbre à palabre médiatique, c’est la place enviée de tout son village de huttes de merde séchée, c’est le plus grand honneur qu’on puisse imaginer chez les villageois dont il se réclame ! C’est là qu’il montre à ses frères combien lui y en a puissant, combien lui y en a un sage marabout, c’est là qu’il caquette par-dessus le monde des points de doctrine, c’est là qu’il marchande ses talismans anti-Blancs, ses gris-gris fétiches, ses amulettes vaudoues… […] Son museau prognathe, gonflé, organe de la palabre maraboutesque, […] ce putain de rostre en pâté-croûte de nasique, là, ce boudin, son pneu farci de bouffon […] encore tout suintant, encore complètement Tombouctou, la cafetière encore toute embrumée d’essaims de mouches ancestrales […] le plus grotesque lippu vil médiocre gougnafier canaque bouffi d’orgueil […] avec son profil en caquet de bouvreuil convexe. » (p.140, 141, 144 et 149)
Mais bien sûr c’est moi qui suis racialiste…
Quant à savoir ce que je faisais le 8 décembre je pourrais vous répondre que ça ne vous regarde pas, mais il se trouve justement qu’il m’a été ce jour-là impossible de rejoindre les Gilets jaunes, du fait de petites contrariétés judiciaires relatives à mon implication dans le mouvement (nous en parlons dans le dernier numéro d’Eléments). Le genre de petites contrariétés dont, rassurez-vous, vous n’avez rien à craindre : ce n’est certainement pas votre livre qui vous vaudra des ennuis de ce genre.
Cordialement,
David L’Épée
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