La guerre fantôme : la vente d’Alstom à General Electric est un documentaire passionnant signé David Gendreau et Alexandre Leraitre, sur un sujet digne d’un roman d’espionnage. Alors que la guerre économique fait rage, il révèle l’impuissance des politiques et la trahison des milieux patronaux français. A voir vendredi 6 avril à 20 h 30 et jeudi 12 avril à 00 h 30.
La scène est pitoyable, et c’est sans doute l’une des plus fortes de ce remarquable documentaire qui n’en manque pas. « Quand vous n’êtes pas président de la République, vous ne pouvez pas faire mieux que ce que j’ai fait. Je ne peux pas vous dire mieux… », explique Arnaud Montebourg, ex ministre du redressement productif, soudain bien embarrassé devant la caméra de David Gendreau et Alexandre Leraître, les deux jeunes réalisateurs de Guerre fantôme: la vente d’Alstom à General Electric, venus l’interroger. Dans la séquence précédente, le journaliste Jean-Michel Quatrepoint, auteur de Alstom, scandale d’État, (Fayard, 2015), avait pris soin de nous avertir à propos de la sincérité dudit ministre : « Oui, il a menti ». C’est ce qu’on appelle un grand moment de télévision ! Après Pechiney, Arcelor, Alcatel, Gendreau et Leraître nous conte le dernier acte du grand démantèlement de l’industrie française. Et les coulisses de cette histoire digne d’un roman d’espionnage ne laissent pas d’effarer les spectateurs.
La guerre des droits aura bien lieu !
Quand bien même ce film se bornerait seulement à nous remettre en mémoire les rodomontades d’un personnel politique aux abois et les trahisons des maitres du capitalisme français, leurs auteurs auraient alors réalisé une œuvre hautement salutaire. Ils ne s’en contentent pourtant jamais et abordent frontalement la question stratégique de l’indépendance énergétique et militaire de la France.
Sans aucune aide des circuits de financements classiques, ces deux jeunes gens de moins de trente ans ont mené une formidable enquête de près de neuf mois avant de débuter le tournage et rencontrer tous les acteurs de cette ténébreuse affaire. En alternant les images d'archives et les séquences dessinées en noir et blanc, ils ont réussi le tour de force de rendre un sujet compliqué compréhensible.
À la tribune du colloque sur « La guerre des droits aura bien lieu » que la revue Éléments avait organisé le 21 octobre 2017 à l’ASIEM, à Paris, ces derniers ont bien voulu préciser leur intention : « L’État français a été non seulement incapable d’anticiper la manœuvre, mais de surcroît il a menti à l’opinion publique en bricolant une alliance entre Alstom et General Electric qui n’a jamais vu le jour dans les faits. »
La conséquence pour la France ? Une perte substantielle de souveraineté, puisqu’Alstom était un acteur majeur de la filière nucléaire avec EDF et Areva, et qu'elle produisait également les turbines du porte-avions Charles de Gaulle et des 4 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), fondement de la dissuasion nucléaire française.
Pascal Eysseric
« Guerre fantôme : la vente d’Alstom à General Electric »,
documentaire de David Gendreau et Alexandre Leraître (2017, 52 min).
La France, plus précisément l'économie française, ne serait-elle pas malade de ses dirigeants (grands PDG & responsables politiques) et ce depuis plus d’une dizaine d’années ? Incompétence crasse, absence de probité et de vision stratégique, renoncement à l’intérêt supérieur de la nation,repli sur son intérêt personnel…sont les principales qualités de ces « managers » français au petit pied tous côtés au cac 40.Comme l’a bien expliqué JM Quatrepoint le « règlement » (liquidation)d’Alstom ressemble fort à un scandale d’Etat.La gestion du capitalisme français sous la houlette de ses managers préférés (tel M.Macron)ressemble fort à une liquidation en bonne et due forme de son patrimoine technologique,professionnel,économique…La S.N.C.F. est sur la liste des sociétés à liquider…ou tout du moins à brader.Rappelons que les dirigeants de la moribonde société Alstom ont dû s’acquitter d’une amende faramineuse pour des faits de corruption répétés,avérés dans différents pays du monde.Un des dirigeants d’Alstom a d’ailleurs été condamné à une lourde peine de prison aux Etats-Unis.Contrairement à ce que raconte M.Christian Jacob ce ne sont pas les éclaireurs de NDDL qui sont les voyous de la France mais bel et bien ces « dirigeants véreux » à l’image de M.Kron qui après avoir liquidé un des plus beaux fleurons de l’industrie française a réclamé pas moins de 4 M. d’euros de rémunération exceptionnelle à son conseil d’administration en guise de récompense pour ses hauts faits.Des dirigeants uniquement soucieux de s’enrichir quelque soient les conséquences pour la France.Plus ils sont mauvais plus ils s’enrichissent.+ de 80 milliards d’euros échappant à l’impôt auquel nous sommes tous soumis sont placés dans des paradis fiscaux chaque année.M.Bernard Arnault comme le PDG de la Société Générale s’en félicitent.La France en est malade…
Rédigé par : 664cives005 | 23/04/2018 à 03:14
Cette décision illustre bien toutes les limites du projet européen. Après l'échec de la fusion, la Chine est clairement en embuscade, elle grapille déjà des parts de marché en Amérique du nord.
Rédigé par : Dominique | 08/03/2019 à 10:45