C’est le double effet Éléments ! Il y a ceux qui le lisent, avec attention, et les autres qui commentent ses Une. Les syndicats Sud Éducation et Solidaires étudiant-e-s EHESS ont pris le parti de compter les directeurs d’études de l’EHESS qui y ont donné des entretiens pour les condamner naturellement. Un, deux, trois… Marcel Gauchet, Jacques Sapir et Pierre Manent.
Au bûcher, avec une mention spéciale pour Jacques Sapir, coupable d’avoir tenu des propos sexistes. Le plus drôle, si l’on veut, est que s’ils avaient été plus minutieux, ils auraient pu dénoncer d’autres collègues. Beaucoup d’autres. Mais pour cela, il aurait fallu ouvrir le magazine, tourner les pages et le lire ! Et visiblement l’intimidation est un sport que le syndicat Sud Éducation pratique avec plus d’aisance que la lecture et la réflexion.
Bonne lecture !
Communiqué commun SUD Educ EHESS & Solidarités Etudiant-e-s EHESS concernant la revue Éléments
En ce début d’année 2017, Marcel Gauchet (directeur d’étude émérite à l’EHESS) apparaît en Une du magazine Éléments, la revue « pour la civilisation européenne » animée par Alain de Benoist et les membres du GRECE (Groupement d’étude et de recherche pour la civilisation européenne). Cette Une fait suite à un numéro précédent où un autre directeur d’études, Jacques Sapir, figurait en bonne place auprès d’une verbatim sexiste et appelant une nouvelle fois à des alliances avec le Front National (« Jean-Luc Mélenchon a les problèmes d’une vierge rance »). Sur la première page de ce même numéro, on retrouvait Pierre Manent, un troisième directeur d’études, évoquant « La France au défi de l’Islam ».
Alors que l’extrême-droite la plus réactionnaire gagne du terrain, en imposant dans l’espace intellectuel et médiatique un cadre d’analyse centré sur les « menaces » que ferait peser sur « l’identité nationale » l’immigration ou la religion musulmane, ces contributions répétées à la revue Éléments confortent celles et ceux qui pensent que les théoriciens de l’extrême droite sont des intellectuels comme les autres. La revue du GRECE promeut depuis des années les théories racialistes les plus nauséabondes.
Au nom de l’affirmation des identités fortes, notamment l’ »identité européenne », le GRECE met en cause l’accès à la nationalité française de « population d’origine immigrée » qui se différencieraient des autres Français par leur « identité ethnoculturelle »1, renforçant la stigmatisation d’une partie des citoyen-ne-s français-es. Pour celle et ceux qui douteraient de l’ancrage à l’extrême droite d’Alain de Benoist ou de son influence, il suffit de se pencher sur les programmes ou l’actionnariat de « TV Libertés », un média sur lequel il intervient régulièrement aux côtés de Jean-Yves Le Gallou ou Gilbert Collard.
Cette stratégie de brouillage des divisions politiques s’inscrit dans un contexte d’accumulation et de banalisation des discours réactionnaires dans la sphère publique auxquels ces enseignants apportent un supplément de crédibilité au mépris de ce qui a constitué l’histoire de la pratique de l’enquête en sciences sociales menée à l’EHESS, fondé sur une approche compréhensive des processus migratoires, de la diversité humaine des pratiques religieuses et culturelles. Face à un tel grand écart avec l’histoire de l’EHESS, nous, membres de Sud Éducation et de Solidaire étudiant-e-s EHESS, tenons à réaffirmer nos valeurs antiracistes. Nous appelons également l’ensemble des personnels et des étudiant-e-es de l’EHESS à s’opposer fermement à l’emprise et à la légitimité grandissantes de ces discours rétrogrades. Car, si chacun-e doit être libre de s’exprimer, nous avons pourtant une responsabilité collective : celle de résister au déferlement des discours de haine et aux choix politiques qui sont faits en notre nom, dans nos recherches comme dans nos actes.
- Manifeste du GRECE : http://grece-fr.com/?page_id=64
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